Santé mentale des marins : un enjeu invisible en haute mer

Les marins, confrontés à des conditions de travail extrêmes, subissent une crise sanitaire mentale silencieuse, marquée par des risques psychosociaux (RPS) exacerbés par l’isolement, le stress chronique, les violences à bord, les critiques externes, ou encore une réglementation imposée toujours plus exigeante.

Facteurs de risque : un environnement hostile

Isolement prolongé, éloignement familial, rythmes de travail décalés et promiscuité dans des espaces confinés créent un terrain propice aux troubles mentaux. Les marins sont exposés à des traumatismes aigus (naufrages, accidents, sauvetages périlleux) et à un stress chronique lié à la pression réglementaire et à l’intensification des tâches.

Conséquences sur la santé et la performance

Les conséquences des RPS dans les métiers de la mer sont multiples : maladies cardiovasculaires, troubles anxiodépressifs, épuisement professionnel, voire suicide dans les cas les plus graves provoquant absentéisme, baisse de productivité, turnover élevé et une dégradation de l’image de leur métier.

La fidélisation des marins est compromise par des conditions de travail extrêmes, un soutien insuffisant à terre, des périodes de repos limitées et une dissonance générationnelle : les nouvelles recrues privilégient désormais l’équilibre vie professionnelle/personnelle, remettant en cause les modèles traditionnels d’engagement.

Solutions et dispositifs d’urgence

Face à cette crise, des initiatives comme le CRAPEM (Centre Ressource d’Aide Psychologique En Mer) offrent un soutien 24h/24 via des lignes dédiées (06 11 21 40 30), des consultations téléphoniques et des formations à la gestion du stress. Parallèlement, le service de psychologie de la Marine et le numéro Écoute défense (08 08 800 321) proposent un accompagnement aux militaires et à leurs familles. Les formations aux outils de résilience et à la déstigmatisation des troubles mentaux se multiplient, ciblant notamment les managers et les équipages.

Perspective : atténuer cette crise, par la refonte des pratiques RH ? OUI !

Cela passe par l’amélioration des conditions de vie à bord : création d’espaces de détente dédiés et facilitation des communications avec les proches pour réduire l’isolement. Parallèlement, la lutte contre les violences nécessite la mise en place de protocoles de signalement anonymes et de campagnes de sensibilisation pour prévenir les comportements à risque. Enfin, l’intégration de psychologues embarqués ou accessibles à terre, couplée à des bilans psychologiques systématiques après chaque mission, permettra de détecter les fragilités et d’accompagner les marins dans la durée. Ces mesures combinées visent à instaurer un environnement de travail plus sûr et résilient.